• Interview de J. Bruneau

    Entretien Joël Bruneau/collectif SosCalix 5 juin 2012.

    Question 1 :

    Premier élément d’analyse concernant l’absence d’arrêté  prefectoral, Joël Bruneau a cru comprendre que PNA avait retiré son projet de terminal Quai de Calix et que de ce fait,  un arrêté préfectoral n’avait pu lieu d’être. « C’est le coup de l’ardoise magique ».  Il pense, comme le collectif, que PNA redéposera sans aucun doute un nouveau projet. Il estime que le projet  initial souffrait de plusieurs maux : un manque d’anticipation, de transparence et de concertation.

     

    Sur le projet de navettte fluvio-maritime : Joël Bruneau se prononce pour le développement du port de Caen-Ouistreham et juge la conteneurisation indispensable, comme étant l’activité du XXIe siècle.

     

    Question 2 :

    Sur l’investissement d’une plate forme : Joël Bruneau pense également  (comme Laurent Beauvais) qu’il y a nécessairement un   pari lorsque des pouvoirs publics élaborent  et financent des projets de développement. L’argent public doit être utilisé pour créer les conditions nécessaires au développement, et l’investissement d’une plate forme en fait partie ; pour autant il ne faut pas faire des dépenses inconsidérées.

     

    Sur le choix du site : Blainville est, pour Joël Bruneau, le site le plus adapté pour démarrer un  trafic conteneur dans l’optique d’un développement plus ambitieux ; il aurait souhaité que PNA fasse une étude objective du  potentiel  actuel de Blainville et du  coût réel d’un réaménagement de ses quais, pour accueillir la nouvelle plate forme.  L’installation Quai de Calix, présentée comme temporaire par PNA puisque la croissance du trafic entraînerait dans un second temps le déménagement de la plate forme à Blainville,  lui semble être un choix incohérent. Par ailleurs, dans l’optique d’une compétitivité de l’activité, réduire le temps de remontée du canal ne peut être que profitable.

     

    Sur le PPRT et l’implantation d’une plate forme : l’activité portuaire quai de Calix est déclinante depuis 10 ans,  mais elle existe toujours de façon sporadique. Selon la législation, avec un PPRT,  il ne peut y avoir d’activité nouvelle mais seulement développement des activités actuelles ….

     

    Question 3 : 

    Le PPRT est une contrainte dont on pourrait s’affranchir par le déplacement des DPC ;  Joël Bruneau souhaiterait que l’on en estime le coût réel, qui va du simple au double selon les projections. « Si le coût s’élevait à 25 millions , le jeu en vaudrait la chandelle ». Dans l’immédiat, il lui paraît souhaitable de travailler avec l’exploitant pour rendre l’implantation actuelle  moins dangereuse. A échéance de 15 ans, il faudrait envisager le déplacement des DPC dans l’optique de l’aménagement de la presqu’île. Reste à trouver un autre lieu de stockage.

     

    Question 4 :

    Joël Bruneau rappelle que le projet actuel de la SPLA limite l’aménagement de la presqu’île au seul territoire caennais ; les DPC sous le viaduc faisant frontière. Dans le périmètre actuel, la phase de reconquête va être longue et coûteuse. Jusqu’au viaduc de Calix, la vocation de cet espace doit être d’accueillir une zone mixte d’habitat et d’activités nouvelles. Située en centre ville,  et à proximité de la gare, cette zone  devrait être  attractive pour les entreprises parisiennes du tertiaire, grâce  également à la future ligne Caen –Paris en 1h30.  Pour Joël Bruneau, il ne faut pas hésiter à prospecter les entreprises de la région parisienne ; et à leur présenter les atouts d’une « délocalisation » dans notre région.  Selon lui, la mise en concurrence des territoires impose ce type de démarche.  Le tertiaire, vocation nouvelle de la presqu’île, est difficilement compatible avec  l’activité conteneur. L’activité conteneur, réaffirme Joël Bruneau, a toute sa place à Blainville ; en ce qui concerne la zone située entre ces deux pôles, qui va de Calix au pont de Colombelles, il préconise de ne pas apporter de nouvelles contraintes industrielles qui obéreraient un aménagement futur de cette partie de la presqu’île, après le départ des DPC.  Joël Bruneau insiste sur la nécessité d’une reconversion économique de la presqu’île. 

     

    Question 5

    Joël Bruneau ne dispose pas d’informations particulières sur les modalités de financement des travaux ;  à sa connaissance, les décrets d’application de la loi ne donnent de précisions sur cet aspect ;  la situation actuelle ne lui paraît pas satisfaisante, notamment du point de vue de la perte de la valeur  du bien immobilier. Il lui apparaît primordial dans ces conditions de « se battre sur la vraie qualification du risque » pour réduire l’impact du PPRT. Joël Bruneau  trouverait légitime une participation de la collectivité pour aider au financement des travaux ; il peut être envisagé également de prélever une taxe sur l’activité industrielle concernée ; il lui semble possible aussi de favoriser toute solution qui permettrait de réduire les risques à la source et qui serait  mise à la charge de l’exploitant.

     

    Question 6

    Il s’agit d’une perte de ressources pour les communes,  qui peut aussi s’analyser comme l’un des moyens évoqués à la question précédente pour compenser la dévalorisation des biens et le coût des travaux ; Joël Bruneau s’étonne  néanmoins de l’étendue de la zone d’exonération et de son applicabilité avant l’instauration du PPRT ;  il estime  que cette disposition , votée au parlement ,  est pénalisante pour les communes. Il faudrait, selon lui, veiller à en limiter le bénéfice aux seuls riverains impactés. L’idée est bonne mais le dispositif est à revoir.

     

    Question 7

     

    Joël Bruneau constate qu’effectivement le manque de concertation et d’information ne peut que susciter méfiance et rejet ; il se dit favorable au dialogue ; il estime que cela passe par une proximité et une disponibilité des élus locaux.


    L'emploi sur le port